Coronavirus

Je n’ai pas écrit sur mon blog depuis 2013. Sept années au cours desquelles je me suis beaucoup plus positionné dans l’action que dans la spéculation. L’arrivée de ce virus qui se répand sur toute la planète m’incite à reprendre cet échange dans lequel chacun peut apporter des commentaires. L’avenir est incertain mais on peut d’ores et déjà formuler plusieurs hypothèses :

1ère hypothèse / Cette épidémie sera passagère et les habitudes reviendront comme par le passé.  Seuls, ceux qui ont une tête pour penser y verront un premier avertissement pour l’humanité.

2ème hypothèse /  Cette épidémie sera plus longue que prévu et très lourde de conséquences. Dans ces conditions il serait souhaitable que ce soit une occasion privilégiée pour que s’éveille une majorité de personnes qui entraînera les autres vers un changement profond de société à l’échelle planétaire. Sinon,  il se pourrait que cet épisode devienne un prélude annonciateur de ce que nous envisageons en 3ème hypothèse.

3ème hypothèse /  Cette épidémie n’en est qu’au tout début  d’une phase apocalyptique qui obligera, de force, l’humanité à se transformer.

 

Depuis le début, à toute heure et sur toutes les chaînes de télévision, nous recevons toutes sortes d’informations sur le “comment ça se passe” et comment  ralentir cette prolifération. Pour le moment nul n’aborde  le ” pourquoi”. C’est tout à fait logique dans le monde actuel qui, depuis bien longtemps, ne s’intéresse plus au monde métaphysique (le monde des causes immatérielles du monde physique). Or, tout ce qui existe  matériellement depuis l’infiniment grand jusqu’à l’infiniment petit, est forcément régi et organisé par des principes et des causes vivantes ; je dis bien “vivantes” car c’est cette seule conception qui  rend compte pleinement de l’action du monde métaphysique sur le monde physique. 

 

Aujourd’hui les événements semblent confirmer d’une certaine façon, ce que nous exprimions (comme d’autres d’ailleurs) depuis bien longtemps. C’est ainsi que j’écrivais il y a  une quinzaine d’années dans mon livre “au cœur de la pensée” ces quelques lignes :

… les sciences de la matière évincent les sciences des causes de la matière. Les valeurs s’inversent dans une constante accélération. Les repères fondamentaux sont perdus dans la bousculade. La vitesse et l’ultra promotion de gadgets étouffent le plaisir de vivre. Un nombre croissant de nos enfants refuse l’alternative obésité /frustration du monde extérieur, et ils fuient à l’intérieur à l’aide de drogues. L’ampleur des dégâts qu’ils endurent et auxquels il se résignent est bien la preuve qu’il ne s’agit pas d’une simple fantaisie à la mode, comme se l’imaginent certains, mais bien d”un état de dégoût insurmontable.
Par un renversement naturel, l’hypothèse d’une restauration des facultés et des valeurs fondamentales de l’être humain devient plus que jamais hautement crédible, à plus ou moins brève échéance. Il se pourrait qu’après un passage par une période de transition, nos enfants soient les premiers pionniers, et voient les prémices d”un nouvel “âge d’or”. Cette période de transition pourrait bien ressembler un nouveau déluge.
Ceux qui ne s’arrêtent pas au premier degré des symboles pourrons y voir une inondation, autre que aquatique, qui envahira et recouvrira progressivement la terre. D’ailleurs si l’on admet des connexions psychiques entre tout ce qui existe au plan cosmique, il est bien possible, qu’en raison de la loi de l’analogie universelle, les conditions physiques  (climatiques ou autres) soient influencées par ce bouleversement collectif dans la psyché humaine, lorsque celui-ci se produira.”

 

Il semblerait que les temps sont venus. Ce que nous  exprimions naguère n’avait rien de prophétique, mais résultait d’une simple logique  à partir de quelques principes fondamentaux de l’ordre naturel. Cette notion d’ordre naturel est oubliée de la plupart de nos contemporains. Les Grecs l’appelaient “Kosmos”. Cette notion reflète l’idée d’une organisation invisible qui conditionne l’ensemble de la création. C’est ainsi de tout ce qui existe a sa propre raison d’être,  et ceci dans la moindre de ses spécificités. De même que chaque musicien à son rôle à jouer dans un orchestre, de même, chaque être quel qu’il soit, a son rôle à jouer dans l’ensemble cohérent et interdépendant du concert universel.

 

Depuis des temps immémoriaux il a été considéré, par les plus sages d’entre nous, que l’être humain est,  par nature, un être d’amour. Cela signifie qu’il dispose d’une faculté supra-animale capable d’éveiller sa conscience  au-delà des besoins et désirs purement matériels. Sans entrer dans les détails, que nous avons d’ailleurs souvent exposés,  il est facile de constater que depuis des siècles et des millénaires l’être humain s’est de plus en plus éloigné de l’expression de ce qu’il est par nature. 

 

Même si l’ordre naturel dispose d’une vaste tolérance, Il y a tout de même un seuil qu’il est impossible de dépasser, la nature finit  toujours par reprendre ses droits. Ces dernières années on a vu proliférer de par le monde des mouvements de haine et de colère qui se sont généralisés à tous propos. Une sorte de cancer psychologique a contaminé la planète ; pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles pour constater que ce sont les thèses les plus haineuses, irrespectueuses et destructrices qui sont passées de la marginalité à un engouement de plus en plus répandu. Après des siècles et millénaires de gestation, un contre-nature flagrant a fini par s’imposer  de lui-même. Une trop grande quantité de haine a contaminé l’humanité. Quand il n’y a plus suffisamment de “forces vives” pour compenser et contenir la bestialité ambiante, il ne peut se produire qu’un chaos provisoire qui permettra à l’ordre naturel de rétablir l’état primordial de toutes choses.
Au regard du cosmos,  en général, et de la condition humaine en particulier, la haine est une incongruité, une monstruosité, un contre-nature. C’est le “côté obscur de la force” qui transmute des êtres d’amour en êtres de haine ; ces derniers se rassemblent  derrière leur gourous apôtres du chaos, du désordre et de la subversion. Quant aux forces vives en question, qui devraient être incontestables et incontestées, elles ont perdu leur qualité, leur audience et, par suite, leur fonction régulatrice. 

J’appelle ici “forces vives” tout ce qui contribue à maintenir un ordre social aussi proche que possible du simple bon sens.  Quant au simple bon sens, c’est ce qui vient naturellement à l’esprit quand on s’en tient au respect des principes fondamentaux. 

À ce sujet et à titre d’exemple, la tolérance est un principe fondamental. En effet la diversité des choses et des créatures résulte, entre autre, de ce principe ; l’ordre naturel  tolère toutes sortes de différences. C’est pourquoi l’intolérance généralisée à laquelle on assiste aujourd’hui constitue un viol manifeste de l’ordre naturel. De son côté l’ordre naturel est susceptible de tolérer ce viol, mais, nous l’avons dit, jusqu’à une certaine limite.

 

Ce qui devait arriver arriva, sous forme de coronavirus. 

 

Comme je l’ai souvent Indiqué par ailleurs, tout ce qui est exprimé au plan physique  est la conséquence métaphorique de ce qui a déjà été organisé au plan psychique. C’est ainsi qu’un chaos au niveau de l’inconscient collectif de l’humanité ne pouvait  tôt ou tard qu’entrainer un phénomène collectif de même nature. 

Prenons l’exemple du discours politique des uns et des autres qui sévit depuis des années et qui mobilise et manipule malheureusement  toute sorte de braves gens qui se mettent à suivre des idées perverses. Indépendamment du fond, on remarquera que dans la forme on retrouve les mêmes processus que ceux du  coronavirus. À force de s’envoyer à la figure des paroles venimeuses à visée destructrice, on s’envoie maintenant des postillons tueurs. Quant aux antidotes, personne ne respectant plus personne, voilà qu’il faut maintenant respecter une certaine distance entre les uns et les autres ; et avant de critiquer qui que ce soit, il faut commencer par se laver les mains. 

Aujourd’hui le monde entier se lave les mains comme il ne l’a jamais fait dans son histoire. La métaphore et quasiment évidente. Nous avons tous à balayer devant notre porte,  à nous remettre en cause, à respecter les autres. Critiquer à tour de bras est à la portée des fainéants, des imbéciles ou des irresponsables. Les extrémistes fondent leurs discours sur l’égoïsme d’un côté et sur la jalousie de l’autre. Il va falloir se laver les mains un bon moment avant d’oser tendre la main à qui que ce soit.

 

Il semblerait que ce virus ait pour fonction la démolition et de dissolution des caractéristiques psychiques et psychologiques de  l’ancien monde. Avec ce regard c’est un événement particulièrement bienvenu dans l’histoire de l’humanité qui, depuis longtemps avait sombré dans une folie de plus en plus aiguë.  On peut penser que cette mort d’un monde ne se fera pas sans une cohorte de souffrances. Mais on peut penser aussi que c’est grâce à cela qu’un monde plus intelligent pourra s’envisager et se construire. Après le temps de l’épreuve et des séparations  pourra venir le temps des retrouvailles et de l’union. C’est alors que si la dimension humaine commence à sortir de sa torpeur et à reprendre sa nature véritable, il est probable que l’on puisse assister un grand élan d’enthousiasme pour déployer ce que l’être humain a de plus beau.

 

Pour le moment l’heure est au parapluie. Du fond de nos abris c’est le moment de profiter de ce confinement forcé pour commencer à entr’ouvrir notre esprit et à nous rendre perméable à ce que semble vouloir exprimer l’univers.