La métaphysique

 

Étymologiquement, la métaphysique est ce qui rend compte des causes du monde physique (méta= au-delà).

 

Alors que la physique recherche les causes à partir des phénomènes, par un processus inverse, la métaphysique explique les phénomènes à partir des causes premières qui englobent toutes les autres..

 

La connaissance des causes par la physique à partir des phénomènes, rend compte de lois et de principes qui expliquent le « comment » les choses se passent dans leur phase finale.

 

La connaissance des causes par la métaphysique rend compte du « pourquoi » les choses se passent à partir de leur phase initiale. Nous indiquerons plus loin comment la connaissance métaphysique est accessible par degrés successifs à l’être humain, de façon individuelle et indépendamment de croyances ou d’un quelconque savoir.

 

La physique s’intéresse à la substance et au monde substantiel ; la métaphysique s’intéresse à l’essence et au monde essentiel.

 

 

Toutes les sciences physiques qui déduisent les causes à partir des phénomènes eux-mêmes, ont compétence dans les causes périphériques des phénomènes. Ainsi, la remontée vers les causes des causes rencontrées, ne peut pas dépasser la proche banlieue du monde physique. Cependant, elles ont un caractère utilitaire pour tout ce qui concerne la « corporalité » ou la substance des choses.

 

 

La science métaphysique, qu’on appelle aussi Connaissance, est l’inverse d’une remontée à partir du bas ; c’est au contraire une descente du haut vers le bas, ou encore de l’unité vers la multiplicité. Elle part de la Vérité unique et absolue qui se déploie de proche en proche depuis des étages non manifestés jusqu’à des étages manifestés.

 

La physique et toutes les sciences qui en dérivent procèdent par une remontée logique depuis les phénomènes, la métaphysique procède par descente logique depuis la Cause initiale.

 

 

La Connaissance métaphysique

 

 

Le monde que nous connaissons qui se déploie jusqu’aux confins des galaxies est un monde manifesté. Pour les sciences physiques, il constitue tout l’univers. Ce monde est soumis aux principes de l’espace et du temps. Pour la métaphysique ce monde n’est qu’un monde parmi tant d’autres qui sont soumis à d’autres principes que l’espace ou le temps. Notre monde n’est qu’un cas particulier du Monde dans son ensemble qui comprend une indéfinité de mondes manifestés et de mondes non manifestés.

 

 

De ce fait la Vérité absolue échappe à toute investigation fondée sur la raison. En effet, la raison est cette qualification humaine inhérente à sa dimension spatio-temporelle, ce qui fait que la raison seule ne peut pas sortir du cadre spatio-temporel de notre monde. La Connaissance métaphysique n’étant pas accessible par la raison seule fait dire à ceux qui ne veulent considérer que cette seule qualité humaine, que la Vérité métaphysique est inaccessible et inconnaissable. En se déclarant agnostiques (c’est-à-dire sans possibilité de connaissance), ils témoignent d’une incapacité qu’ils érigent en vérité, ce qui les dispense de faire l’effort d’aller plus loin. C’est une forme de pseudo-religion très répandue de nos jours qui s’apparente au scientisme.

 

 

Si la connaissance métaphysique n’est pas accessible par la raison seule, elle échappe à l’intellectualisme moderne qui fonde ses conceptions par ce seul moyen. Cependant, les êtres humains disposent d’une autre faculté qu’on appelle l’intuition. Même si l’on parle parfois d’intuition scientifique qui sert à orienter les investigations, ce n’est là qu’un aspect très limité de cette disponibilité. En effet l’intuition a de multiples modalités et c’est une erreur que de ne privilégier que certaines d’entre elles (comme l’instinct animal par exemple, ou encore la prémonition qui ne sont que des modalités relatives au mode physique). Cette faculté observable dans des détails contingents est une faculté humaine par nature. C’est dire que même si la société actuelle ne tient compte de l’intuition que pour des aspects secondaires du monde physique, elle garde quand même toute ses possibilités naturelles dans un état latent.

 

 

La conscience qui s’éclaire par la raison seule, met en sommeil une majeure partie des données qui émanent de l’intuition. Or, ces données concernent ce qui est par nature. L’homme est ce qu’il est parce qu’il a une raison d’être ce qu’il est. Il n’y a pas d’effet sans cause. C’est dire que sa propre raison d’être est ce qu’elle est parce qu’elle dépend d’une raison plus globale, qui elle-même trouve sa raison d’être dans une cause ou une raison encore plus globale jusqu’à un point limite qui est le Principe, ou le Cause ou la Raison universelle dont tout le reste dépend. C’est dire également que tout être est relié par une succession de causalités à la source universelle ; c’est dire aussi que si un être dispose d’une faculté de conscience de lui-même, cet être dispose logiquement d’une faculté de conscience (et donc de connaissance) des principes de l’univers. Le fait qu’il ne s’en serve pas (ou mal) ne change rien à la présence de cette aptitude par nature.

 

 

Or l’homme est justement un être qui est doté de cette faculté de conscience de lui-même ; pour partie au moyen de la raison, certes, mais surtout parce qu’il est doté d’un autre moyen d’accès à ce qu’il est par nature. Il s’agit d’une possibilité de captation consciente de sa propre raison d’être. Ceci sous forme d’évidence spontanée, sans raisonnement ni croyance particulière, de la même façon que nous connaissons quelque chose, par exemple , sans même y penser. Ce n’est pas parce que, pour la plupart d’entre nous, cette disponibilité est devenue atrophiée, qu’elle a disparue. Ce qui est par nature ne peut pas disparaître entièrement ; ce serait accepter cette l’absurdité que l’homme est devenu progressivement un simple animal. Même si parfois cela y ressemble, on ne peut pas changer de nature ; un chien ne deviendra jamais un arbre. Même si ce dernier exemple peut sembler exagéré, il ne l’est pas. Fondamentalement l’être humain se différencie de l’animal par ses facultés de conscience. Une espèce se différencie d’une autre par certaines facultés d’expression. Les expressions physiques de telle ou telle espèce sont des adaptations de telles ou telles facultés de conscience qui sont propres à cette espèce particulière.

 

 

A ce sujet, il convient de corriger une forme de raisonnement très répandue. La cause est toujours en amont (ou avant, en mode temporel) de l’effet. L’expression corporelle est une conséquence de facultés psychiques et non l’inverse. Il suffit de constater que la pensée précède l’action pour s’en convaincre. On peut donc légitimement déduire que, par exemple, le cerveau humain est ce qu’il est parce qu’il a besoin d’être ainsi pour servir corporellement certaines facultés psychiques. C’est la fonction qui crée l’organe et non l’inverse. Combien nous montrent les choses avec le plus grand sérieux, en sens contraire : leur discours présuppose que c’est parce que le cerveau est ainsi fait, qu’il peut secréter des pensées sophistiquées, comme le foie secrète de la bile. Cette myopie intellectuelle qui ne répond pas (ou mal) au « pourquoi » le cerveau humain est ainsi fait, peut répondre avec force détails à « comment » il fonctionne, et c’est en se perdant dans la complexité du « comment » qu’on perd de vue le « pourquoi » général des choses.

 

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Henry Arnaudy 1997