L’Amour

Extraits à propos de la dignité                                                   

…/… Si l’être humain est doté d’une conscience qui lui permet de s’élever au-delà des soucis ordinaires de sa simple survie comme un animal, sa dignité consiste à s’en servir. Nous avons vu qu’à propos de l’intelligence il est doté d’une raison qui lui permet d’agir avec logique de façon avisée. Mais il peut s’en servir à des fins diverses, par exemple pour aider en secret quelqu’un dans la misère, mais aussi pour esquiver une responsabilité ou encore pour profiter de la naïveté des autres. La dignité rencontre ici une autre dimension.

 

Nous l’avons vu dès le premier chapitre, à propos de l’épitaphe, l’être humain a la capacité de voir chez l’autre, un frère, un autre aspect vivant de ce qu’il est lui-même. De ce fait, il n’est pas indifférent au sort des autres. Que ce sentiment soit plus ou moins prononcé chez les uns ou chez les autres, c’est évident. Qu’il y ait des domaines où la sensibilité est davantage mise à l’épreuve, les enfants ou les opprimés, par exemple, certes. Mais ce sentiment est typiquement humain. Il y va de la dignité d’un être humain adulte de respecter pour lui-même cette particularité exceptionnelle dans le monde que nous connaissons.

Toute dérogation peut passer inaperçue au plan externe, mais il y a forcément quelque chose qui n’est pas juste, qui n’est pas droit, qui est tordu en interne. Malgré les apparences, l’état ou se situe l’individu est dégradé par une attitude contradictoire avec sa nature. Si cette indignité dure et entre dans les habitudes d’une personne, celle-ci ne peut que déchoir progressivement.

…/… La dignité n’exclue nullement toutes les fantaisies imaginables, ce n’est pas d’austérité dont nous voulons parler avec la dignité fondamentale, ce serait même plutôt le contraire. Le jeu, la joie, l’humour ou les « folies » qui n’en sont pas vraiment, sont autant de manifestations qui, comme le rire, sont le propre de l’homme. Le respect de sa propre nature consiste à les exploiter aussi.

 

Le rire, d’ailleurs, nous amène tout naturellement vers les états supérieurs. En effet, le mot spirituel a un double sens en français, ce qui n’est pas innocent. On parle de « mots ou de traits d’esprit » ou d’un « homme ou d’une femme d’esprit » pour désigner ce qui entraîne le rire. Evidemment, tous les rires ne relèvent pas de cette association d’idées. Bon nombre ne sont que des déformations. D’ailleurs, pour les distinguer, il suffit de remarquer les rires qui enlaidissent et ceux qui embellissent, ce qui est actualisé au niveau de la psyché est validé au niveau du corps.

 

…/… La pseudo « dignité » de ces gens « bien pensants » qui se drapent d’une couverture artificielle se voulant au-dessus de tous soupçons, est une singerie d’enfants pétochards qui se rassurent en faisant mine d’appartenir au clan des « bons » et des « forts ».

 

Sans insister, outre mesure, sur ce genre d’évidence qui ne devrait tromper personne, nous devons ici aborder un aspect fondamental de la dignité humaine. L’esprit de clan habite l’être humain de façon viscérale. C’est ainsi qu’en caricaturant un peu, la plupart vivent dans une société qui est divisée en deux parties : Nous et les autres. Qui plus est, cette vision globale se subdivise en cadres de visions de plus en plus restreints à propos des différents groupes et sous-groupes dans lesquels on s’insère. L’ethnie, le pays, la région, la profession, la famille ou le cercle d’amis sont autant d’occasions de faire preuve de sectarisme. On rencontre là une application abusive du phénomène naturel de synchronicité. Ce qui se ressemble s’assemble et ignore le reste. Dans ce cas particulier ce n’est pas seulement ignorer, il y a distorsion du phénomène qui pousse à dénigrer ou rejeter ceux qui ne font pas partie du clan.

 

Le plus curieux de l’esprit sectaire, c’est que précisément les plus touchés voient des sectes partout. Cette curiosité n’en est pas vraiment une, si l’on se souvient que c’est tout à fait logique en raison du filtrage du regard. En effet, un regard sectaire ne peut que considérer que ceux qui sont hors de leur propre clan sont forcément sectaires, par analogie à leur propre façon de voir. Un proverbe latin indique, d’ailleurs, que celui qui a la jaunisse voit du jaune partout. A ce titre, la dignité humaine n’est pas une simple tolérance qui accepte tant bien que mal qu’il puisse y avoir d’autres façons de penser, de vivre ou d’agir. La véritable dignité consiste à ne pas esquiver l’évidence que ce qui rassemble tous les être humains dans un seul et même creuset, est un milliard de fois plus important que les quelques particularités qui les distinguent. Le caractère unique de chaque individu rend encore plus dérisoire ces rassemblements infantiles et sectaires qui mettent des frontières partout.

 

Quant à tout ce foisonnement de sectes qui regroupent les individus autour de leurs tendances, leurs intérêts ou habitudes, qu’elles s’appellent parti politique, religion, syndicat ou association tartempion, il va de soi qu’elles ont plus de propension à s’ériger les unes contre les autres, telle une chamaille de cour d’école, plutôt qu’à rencontrer le simple bon sens. On peut se demander s’il est digne pour un adulte juste, droit et intelligent de se compromettre dans ce genre de gesticulations immatures.

 

 Ce n’est pas pour autant qu’il convient de généraliser à outrance. Il faut bien qu’il y ait aussi des regroupements autour de nobles affinités ou activités, comme c’est évident, nous n’insisterons pas davantage. Simplement nous ne perdrons pas de vue que presque toutes les sectes sont parties de bons sentiments au départ, et sont devenues dogmatiques et sectaires ensuite. Comme dit Brassens en caricaturant dans l’une de ses chansons : « Le pluriel nuit à l’homme et c’est tout ! Quand on est plus de trois, on est une bande de cons !« .

 

Extraits à propos de l’Amour

…/… Tout au long de notre parcours, nous aimons à notre façon, une façon appelée à changer, à évoluer. Parents, amis, conjoints, enfants, au début l’amour est sélectif et se rassemble autour de quelques personnes. Un cercle rassurant qui tranquillise notre peur de base de l’abandon. Parfois le cercle est petit et fermé, certains y ont leurs habitudes et s’en satisfont. Pour d’autres, peu ou pas d’amis, un manque se fait sentir, et en même temps de façon paradoxale il s’ensuit une sorte de repli vis à vis du reste du monde. L’affect est frustré. Nous avons vu que la logique de l’affect ou de l’amour ordinaire, c’est la demande, donc frustration à la clé. Au contraire l’Amour est offrande, et la logique de gratuité ignore la frustration.

 

Plus tard peut-être, cette quête affective quittera la périphérie et l’extériorité qu’elle réclame par définition, et, qui sait, la lumière centrale de l’amour viendra-t-elle l’apaiser et la dissoudre. C’est l’hypothèse de l’Espérance que rencontrer cette circonstance où l’on aura su faire évoluer son histoire d’Amour. Notre histoire commence avec celle de l’enfant qui a besoin de tout, se poursuit avec celle de l’adulte qui se suffit à lui-même et qui n’a plus besoin, et enfin elle s’épanouit en trouvant la force et le bonheur de pouvoir tout donner.

 

…/… Nous l’avons vu précédemment, les circonstances reflètent comme une détermination de l’ordre des choses à nous faire évoluer. Sous l’aiguillon douloureux de ce que nous avons symbolisé par le joueur d’échec, nous sommes invités à réagir au coup par coup en rectifiant à chaque fois pour rencontrer plus d’amour et de bonheur. Mais l’habitude des désappointements nous désensibilise quelque peu et on court le risque d’être secoué encore plus fort, ou pire encore, de se résigner à une forme de désespérance. Le seul abandon que nous ayons à craindre, c’est celui-là.

 

Quand la quête de l’Amour éteint ses feux, c’est la quête essentielle qui s’endort, la Vie se meurt. La vie végétative continue en état d’hypnose, elle continue à tout hasard, car rien n’est jamais perdu. Jamais !

 

…/… Contrairement aux apparences, l’égoïsme qui, à première vue, serait censé améliorer les conditions d’existence de son auteur, entraîne un tel refroidissement, que l’être est exilé dans une solidification glaciaire qui le rend incompatible à d’heureuses synchronicités.

 

Combien de misères qui se traînent dans les imprécations, ont pour cause essentielle un évident manque d’amour. Ceux-là mêmes qui en sont victimes en conviendront, mais ils ne verront que l’amour qu’ils ne reçoivent pas, sans songer que ce n’est là qu’une synchronicité naturelle de l’amour qu’ils ne donnent pas. Ceux qui ne se sentent pas aimés ont du souci à se faire sur leur propre façon d’aimer les autres.

 

L’égoïsme est une maladie grave. Les médecins n’ont pas grand chose pour le soigner, ni même pour aider ceux qui en souffrent. Ils ont d’autres compétences, mais pas celles-là. Pourtant, c’est un véritable fléau. C’est sans doute la plus grave de toutes les maladies car non seulement elle ruine l’existence (on peut en « mourir » de son vivant), mais qui plus est, elle a, en toute logique, de lourdes conséquences après la mort corporelle. De surcroît, l’égoïsme est une maladie hyper-contagieuse. Un des premiers signes est que (par la loi de l’affinité) ceux qui sont contaminés se mettent à voir clairement la maladie chez les autres, sans se rendre compte de leur propre infortune.

En coaching essentiel, on travaille évidemment tous les jours contre ce mal. On n’a pas attendu que la Faculté s’en inquiète ou que les professeurs Nimbus en parlent à la télé. On ne le fait pas, non plus, pour être « vertueux ». On le fait pour aider notre client à être plus heureux. Pour passer du verbe « avoir » au verbe « être », ce n’est pas si simple. On fait ce qu’on peut, et il arrive de temps en temps qu’on assiste à un magnifique lever de soleil.

…/… La voie d’Amour est une voie de maîtrise. C’est un cheminement sur une mince trace imperceptible dont la présence dans l’invisible ne nous parvient que si on la « devine » (deviner, devin, divin ont la même étymologie). Il n’y a guère de repères déjà connus dans le « jamais vécu », or dans cette quête, chaque pas est une avancée qui s’élève dans l’inconnu. Comme la voile « révèle » la présence du vent, quelque chose en nous peut se qualifier progressivement pour révéler l’indicible présence de l’Amour. Mais quelle est cette maîtrise qui permet ce prodige ?

Le premier aspect de la maîtrise est que, tout d’abord, c’est une attitude sans effort. Le cavalier maître de son cheval conserve une attitude naturelle, souple et décontractée. Seul celui qui n’a pas la maîtrise « bataille » avec sa monture. Quel que soit le parcours, qu’il soit connu ou inconnu, la maîtrise est une simple vigilance naturelle qui permet de rectifier, chemin faisant, ce qui doit l’être. Sans même y penser la plupart du temps, ce ne sont que des petites touches qui maintiennent le cap, comme on conduit un cheval ou une voiture. L’idée que la maîtrise est une tâche ardue, ne peut venir qu’à ceux qui ne l’ont pas.

…/… Sans doute, parmi les lecteurs de cette étude, il en est qui ont vécu au moins un de ces instants privilégiés, dans une circonstance où l’Amour qu’ils éprouvaient était plus pur que d’habitude. La luminosité était à ce point qu’ils ont ressenti une sorte d’appel qui s’est traduit par le désir de mourir. On a vu par ailleurs que mourir ne signifie pas forcément mourir à sa corporalité, c’est simplement abandonner un état pour un autre. Quand ce désir se résume à un instant, c’est que, cette fois là, ce ne fut qu’une éphémère excursion, la matière a rapidement repris sa domination sur l’esprit. Mais c’est dire aussi que l’expérience est possible et que, parfois, l’Amour peut dominer tous nos attachements terrestres, jusqu’à rencontrer l’infinie félicité du sentiment d’éternité. Il est évident que percevoir l’éternité en mode sensible est le plus souvent un idéal, un point de mire qui oriente le chemin. On ne peut s’en faire qu’une modeste représentation. Mais il arrive, et c’est possible à tous, qu’on puisse vivre de ces instants d’éternité.

 

…/… Lorsque les matous font des ronds de jambe pour ajouter de nouveaux trophées à leur tableau de chasse, les oies blanches frétillent du croupion. Quand les poulettes font les yeux de velours pour descendre en flammes ces monstres aux pieds d’argile, les gros malins tombent en hypnose. La complémentarité du « ce qui se ressemble s’assemble », joue ici comme ailleurs. Un coup de foudre prépare un incendie, l’illusion bat son plein, son feu aveuglant fait croire à de l’amour. Quand ils ont épuisé le peu qu’ils ont à partager, les flammes dévorantes laissent place à des ruines et à des cendres. La passion (du latin patere=souffrir), délivre inexorablement le produit de sa forfaiture. Que ceux qui ne s’en s’ont pas encore aperçu lèvent le doigt !

L’amour ne dépend pas de la « bonne mine » de l’autre. Cette évidence, qui ne l’est pas pour tous, devrait inciter à réflexion. Cela ne veut pas dire qu’on puisse facilement bannir nos préférences humaines, mais quand cet aspect des choses n’est pas le critère essentiel, il laisse la place à d’autres affinités.

…/… L’Amour c’est ce qui reste quand tombe le rideau sur ce tas de poussière que disperse le vent.

 

…/… En coaching essentiel, on n’ignore pas l’implacable présence des forces adverses. La loi de la complémentarité universelle s’applique inexorablement. C’est pourquoi, nous préférons une évolution pas à pas qu’une tentative trop rapide qui entraîne de plus sévères difficultés. Quand les énergies de l’Amour s’éveillent, suivent rapidement de multiples leurres pour les détourner loin de l’âme. L’émotionnel tend à ramener au corporel ce qui semblait lui échapper. Des sentiments vulgaires visent à supplanter la pureté de l’élan initial. Les plus difficiles à démasquer et les plus virulents viennent en douce, et se cachent derrière des comportements apparemment pleins d’amour et de tendresse. La fausse lumière est bien pire et plus aveuglante que l’obscurité. C’est toute l’hypocrisie des pharisiens et des « sépulcres blanchis » dénoncée par Jésus.

C’est pourquoi, plutôt que de laisser les étages inférieurs de la psyché réagir sans contrôle et influencer de malheureuses synchronicités, il vaut mieux apaiser ces forces réactives en « rendant à César ce qui est à César« , c’est à dire en donnant volontairement au plan matériel une occasion à l’ego de se satisfaire par quelques miettes, tout en servant la cause flamboyante de l’Amour. Du coup, l’ordre corporel participe à sa façon avec joie et enthousiasme, à condition, bien sûr, de maîtriser sans cesse les proportions. L’Amour doit rester le moteur et non l’inverse. Notre existence terrestre peut alors devenir une exaltation de la splendeur.

…/… A l’orée de l’Amour, il convient de se Taire, ce qui s’écrit dans l’âme appartient à un autre monde. Que celles et ceux qui accompagnent les autres, aient la noble ambition de les guider jusque là.