L’ANGE GARDIEN

La symbolique de l’Ange Gardien

Voilà un sujet sur lequel j’avais envie de faire un article depuis pas mal de temps. En effet, cette notion est présente, en sous-entendu, à chaque fois qu’on envisage une relation entre le visible et l’invisible. On peut nommer de cent façons une instance immatérielle qu’on se représente symboliquement sous une quelconque forme matérielle. J’ai choisi pour en parler “l’ange gardien” car ce symbole est aussi neutre que possible.

En effet, j’aurais pu choisir le mot “Seigneur”, par exemple, mais il comporte des connotations religieuses liées à une culture particulière. J’aurais pu choisir aussi le génie de la lampe d’Aladin, pourquoi pas? ou encore Jiminy Cricket (la conscience de Pinocchio) ou la fée Clochette dans Peter Pan. Ça pourrait être aussi le Christ ou la Vierge Marie, ou même encore (au diable l’avarice !) Dieu le Père. On pourrait aussi ajouter des personnages appartenant à la galerie des ancêtres ou à un totem ou à mille autres choses encore dont on pourrait se servir en qualité de symbole porteur de la responsabilité de faciliter cette relation entre l’esprit et la matière. Cependant on notera que tout ce qu’on vient de citer est connoté par des croyances ou des sentiments particuliers. Cela modifie d’une façon ou d’une autre la neutralité de ce dont on voudrait parler. On serait enfermé dans les seuls aspects spécifiques qu’un symbole particulier est censé transporter avec lui.

Donc : “L’Ange Gardien”
Foin de ces angelots aux petites ailes bleues et aux fesses roses. On peut si l’on veut, se représenter l’ange gardien de cette façon, après tout ce n’est qu’une représentation, mais il ne faudrait pas que ça fasse perdre de vue l’essentiel derrière les apparences.

Je profite de la circonstance pour rappeler en passant d’être bien au clair dans sa tête en ce qui concerne la différence entre le symbole et ce qu’il symbolise ; s’il y a confusion et qu’on se met à confondre l’objet symbole (ou une représentation symbolique) avec ce qu’il est censé symboliser, cela s’appelle de la superstition (ou pire). Ce qui est symbolisé est le plus souvent abstrait et impossible à appréhender autrement que par une image qui se substitue à sa réalité invisible.

Songez, par exemple, à symboliser l’amour par un petit cœur ; ce n’est pas en mangeant un cœur de poulet qu’on va sauter au plafond ! Par contre rien n’empêche d’évoquer des battements de cœur pour entrer en communion d’esprit avec le véritable amour (...un détail en passant, à ce niveau de communication, la personne évoquée peut très bien ne plus être vivante physiquement, c’est au niveau de l’Ame que l’Amour se situe) Tiens, en écrivant, je viens de le faire pour quelqu’un que je n’ai pas revu depuis des siècles et que je soupçonne de sourire en ce moment…

Rappel de quelques notions préliminaires
Sans s’attarder sur des nuances et détails inutiles pour notre propos, voici en résumé quelques les points fondamentaux mettant en cohérence le monde visible et le monde invisible.
1/ Seule notre âme est vivante. Pendant une existence elle ”anime” la matière qui devient “matière vivante” provisoirement et accessoirement.
2/ La matière vivante se déploie à l’aide de 5 sens et cette sensibilité, qui est vivante elle aussi (par voie de conséquence), devient conscience. L’expression “en son âme et conscience” tente d’exprimer la nature indissociable de cet ensemble.
3/ L’âme vivante appartient au monde invisible (sans formes), le monde de l’esprit.
La corporalité appartient au monde visible (celui des formes), le monde de la matière.
4/ Entre ces deux mondes, un monde intermédiaire ; un sas ou une interface, capable de communiquer de diverses façons avec les deux mondes précédents. C’est la psyché ou le monde psychique qui, lui aussi est vivant, bien entendu, et qui manœuvre avec de la conscience, des pensées ou des images ; c’est donc un monde dans lequel des formes (d’apparence matérielles) se baladent dans l’immatériel ; une sorte de cohabitation esprit/matière, une cohabitation par reflet (le mot “psychée” s’emploie aussi pour désigner un miroir) ; Le monde psychique peut se concevoir comme miroir de l’âme.

Le monde imaginaire
Avec l’interface psychique nous venons d’aborder le monde des reflets, des images, de l’imagination, le monde de l’imaginaire. C’est, bien entendu, dans le monde imaginaire que vont s’installer des images ou représentations symboliques pouvant permettre une relation entre le haut et le bas.
À cette époque où notre civilisation traverse une période où règnent en maître l’inculture et l’ignorance, l’imaginaire est devenu synonyme de fabulations ou de billevesées, de croyances puériles ou de balivernes pour primitifs ou attardés mentaux. Allez parler d’ange gardien au professeur Nimbus, vous êtes bons pour la camisole de force.

Cependant, même motif même punition dans l’autre sens ; attention ! Tout ce que je viens de dire juste au-dessus, peut être retourné comme une peau de lapin et se révéler être rigoureusement exact ; l’imaginaire n’est certes pas synonyme de tout cela, mais il peut l’être dans certains cadres où règnent en maître superstitions, illusions ou contre-cultures. Allez parler d’ange gardien aux allumés des “rave parties”, et vous vous demanderez si, après tout, la camisole de force n’aurait pas, quand même et dans certains cas, quelques vertus.

Bon, comme toujours et à propos de tous les sujets, les extrémistes sont généralement dans les choux et font tromper tout le monde. J’ai trouvé indispensable de mentionner ces points de vue pervers qui émanent de la fausse et de la contre-culture, pour éviter de polluer ce qui va suivre avec des influences aussi nocives qu’imperceptibles, et qui arrivent mystérieusement à s’immiscer partout… Mieux vaut prévenir que guérir (C’est comme la vérole).

Ainsi donc, nous y voilà ! L’imaginaire dont il est question maintenant est cette fabuleuse transposition que notre psychisme est capable de faire pour traduire dans les deux sens des données venant tantôt de la vie de l’esprit, tantôt de la matière vivante. Cela ressemble au songe du prophète Jacob qui a vu une échelle qui relie le ciel et la terre et le long de laquelle il y a des anges qui montent et d’autres qui descendent.

L’ange gardien
Avant d’entrer dans les possibles échanges qu’on peut avoir à ce niveau, nous allons devoir installer un embryon de “conscience vivante” au niveau de ce que l’ange gardien est censé représenter. Je dis bien “de conscience vivante” ; je veux parler de quelque chose d’effectif et de vivant et non pas de représentations fantasmagoriques (dissociées du vivant) qui ne seraient que de banales lettres mortes.

À propos de cette dernière remarque qui met l’accent sur la différence entre le mort et le vivant ou entre ce qui est et ce qui n’est pas, ou encore entre ce qui est Esprit et ce qui est matière, on peut en profiter pour observer et réaliser tous les méfaits qu’entraîne cette confusion des genres.
Donnez à César ce qui est à César, et donnez à Dieu ce qui est à Dieu », résume ce dont il est question ici. Selon ce dont on veut s’occuper, ce sera dans une direction ou dans l’autre. César symbolise ce qui est matériel (qui a aussi toute sa légitimité), Dieu symbolise tout ce qui est immatériel (le Principe vivant).
Pour ne citer qu’un seul exemple facilement observable et très général, que dire de la confusion des genres qu’ arborent ces dirigeants de grands pays où on peut voir d’un côté, ceux qui sont, en principe, spécialisés dans la gestion des affaires matérielles, et qui vous balancent à tout va, et la main sur le coeur des : “Dieu vous bénisse” dont on ne voit pas très bien où se trouve la légitimité de ce genre de bénédiction , ou bien ces autres qui prétendent détenir les clefs du ciel et qui, par voie de conséquence, se sentent naturellement qualifiés et désignés pour faire autorité en matière d’organisation sociale ?
Cet exemple caricatural ne doit pas faire oublier qu’on est tous sujets à ce genre de confusion et que bien souvent, et avec la plus parfaite bonne foi, on affiche ce genre d’absurdités. L’important, c’est au moins de s’en apercevoir pour pouvoir rectifier aussi souvent que possible, et puis surtout, de bien faire attention à ne pas se tromper quand on prétend s’attaquer à un domaine de toute première importance. C’est le cas ici. Le principe de l’ange gardien passe bien avant tout le reste…

Le principe de l’ange gardien
L’ange gardien, nous l’avons dit, n’est qu’une image symbolique. Par contre le principe qu’il est censé représenter peut être qualifié d’essentiel ; ceci, dans tous les sens du terme, puisqu’il représente ce pont entre l’essence et la substance (les platoniciens diraient :” entre l’intelligible et le sensible”, d’autres diraient :” entre le corps et l’esprit” et on pourrait aligner ainsi des dizaines de formulations différentes qui montrent que même si les êtres humains peuvent perdre de vue les choses essentielles, ce n’est que “de vue”.) L’ignorance n’empêche pas la Vérité d’être en toute éternité, et la Vérité, qui peut sommeiller momentanément dans l’ombre, peut toujours être réveillée. On s’y met ou on ne s’y met pas, c’est à chacun de voir…

Parlons maintenant de quelques éléments indispensables pour brosser un cadre susceptible d’accueillir la conscience de cette présence vivante, la connaissance de cette instance mystérieuse qui sait tout, qui peut tout et qui est un “Moi” supérieur qui oscille entre l’individuel et l’universel, un “Moi” que les orientaux appellent le “Soi”.
Sans s’emballer dans des considérations intellectuelles qui nous mèneraient inutilement trop loin, restons-en là où se tiennent les valeurs sûres, au niveau du regard d’enfant.

Le regard d’enfant

La naïveté du regard d’enfant est en prise directe avec la lumière de l’esprit. Tous les enfants du monde, quand ils sont petits, aiment rire et s’amuser. Il semblerait qu’il y ait en arrière-plan quelque chose dont ils n’ont pas vraiment conscience mais qui préside et leur souffle l’idée qu’il n’y a pas à s’inquiéter, et que s’amuser les uns avec les autres est ce qu’il y a de plus naturel et de plus important. Par ailleurs, pour ceux qui comme moi ont eu des enfants, ils ont pu observer que dans bien des circonstances, ils semblent être protégés par quelque chose d’invisible. Là où des adultes se casseraient la gueule lamentablement, il y a souvent pour les enfants, au dernier moment un évitement qui rattrape la situation. Je ne suis sans doute pas le seul à avoir observé cela.

À partir d’ici je peux donner cette indication concernant le regard, certes, mais je ne peux pas donner un contenu précis à ce que chacun ne peut rencontrer que tout seul, dans une intime complicité avec cette présence intérieure qui est dans une configuration obligatoirement unique dans tout l’univers. Cela peut se percevoir comme une relation avec une sorte de double plus vivant que vivant qui est fait d’amour et de lumière : l’ange gardien.

Je peux quand même ajouter certaines choses à propos des sentiments qui accompagnent cette union de la conscience avec la “Source”.

L’Union sacrée
Ce n’est pas la peine d’aller chercher bien loin. Il y a bien longtemps que ces choses-là sont dites et même exprimées sous la forme suivante : les 3 vertus théologales que sont la Foi, l’Espérance et la Charité.
Si on met un contenu “convenable” à ces trois notions et si on les accueille avec la naïveté du regard d’enfant, on ne peut que rencontrer de toute évidence les sentiments qui accompagnent l’union sacrée.
Disons donc quelques mots à propos de ces vertus perçues avec la naïveté du regard d’enfant.
La Foi est pour l’enfant cette Paix et cette sécurité intérieure, cette évidente protection qui ressemble un peu à la présence de son père quand il le porte dans ses bras pour franchir un obstacle. La Foi est vécue par l’enfant comme une confiance absolue qui n’a à se soucier de rien.
L’Espérance est vécue par l’enfant sans contenu précis, mais avec un sentiment d’enthousiasme pour le plaisir de parcourir une suite de circonstances qui sont censées éveiller de plus en plus de Joie et de Lumière.
La Charité est vécue par l’enfant comme cette fabuleuse relation qu’il a avec sa mère. Cet Amour inconditionnel qui relie et rassemble tout dans un creuset qui semble incorruptible et éternel l

Nous venons de faire allusion à la relation de l’enfant avec ses parents, mais ce n’est que par correspondance entre le haut et le bas. Il ne s’agit là que d’une première impression au plan terrestre destinée à se préparer à l’émergence d’une ouverture de conscience au plan céleste, là où les instances Père et Mère prennent une dimension universelle. Pour les distinguer, on met des majuscules dans cette dernière expression comme on peut en mettre une à “Vie” si on veut distinguer la vie corporelle avec la Vie de l’esprit. Voici, d’ailleurs ci-dessous, une citation qui va dans ce sens :
Evangile de Thomas – Logion 101 : Jésus disait :
“Celui qui ne récuse pas son père et sa mère comme moi ne pourra se faire mon disciple ; et celui qui n’aime pas son Père et sa Mère comme moi ne pourra se faire mon disciple ;Car ma mère m’a enfanté, mais ma Mère véritable m’a donné la Vie”.

Précisons que l’expression : “ se faire mon disciple” présuppose “faire comme j’ai fait”. Quant à “récuser”, cela ne veut pas dire que c’est un rejet de ses parents corporels, bien sûr que non ! Ce qui est récusé c’est l’idée que la vie corporelle et leurs auteurs physiques sont au sommet de la Vie.
On retrouve par cet exemple toutes les voies qui mènent à l’éveil de la conscience. Elles reposent toutes sur cette sorte de filiation par nature (même si parfois certaines approches y glissent quelques nuances).

Vivre en compagnie de l’ange gardien
Ce que j’ai indiqué jusqu’à présent dans cet article, me semble suffisant pour laisser à chacun le soin d’éclairer son chemin de sa propre lumière et de rencontrer spontanément les voies et moyens de traverser l’existence avec cette présence vivante d’arrière-plan. Jésus disait (encore lui, décidément…) : “L’oeil est la lampe du corps”; ce qui suppose qu’on y voit selon son propre éclairage. L’ange gardien est une forme d’éclairage qui permet de voir de façon uhifiée la vie et la « Vie ».

Cependant, et comme toujours, c’est plus facile à dire que de parvenir à le vivre. C’est pourquoi je suggère une voie d’accès qui se trouve beaucoup plus à notre portée et qui est une sorte de premier amorçage capable d’entraîner cette ouverture de la conscience depuis le visible jusqu’au bord de l’invisible.

Je rappelle, au passage, que le verbe Aimer avec un A majuscule s’entend comme une expression de l’ Ame éternelle. Dans ces conditions, il ne peut pas se conjuguer à l’imparfait ; cet Amour- là échappe à l’espace-temps. (Je ne parle évidemment pas ici de ces amours passagers qui vont et qui viennent et qui varient dans les fluctuations diverses de notre histoire personnelle. C’est le même mot, mais c’est autre chose.)

Pour en revenir à l’Amour “transcendant” dont j’ai parlé, il est probable que tout le monde conserve quelque part, au moins une bribe de cette sorte d’Amour (ne serait-ce que celui pour sa mère, ce qui est quand-même assez fréquent). Il suffira dès lors de d’éveiller par simple évocation l’état interne qui lui est associé. On peut évidemment évoquer plusieurs personnes (vivantes ou mortes, d’ailleurs) susceptibles de booster l’intensité et surtout la réalité vivante de cet état. Et puis, petit à petit, on peut entrer en communion avec une conscience élargie qui pourra peut-être rencontrer quelques aspects de la Grande Paix et du sentiment d’éternité. Pourra venir ensuite la Présence vivante de l’Ange gardien au sein de l’Union sacrée. Il ne reste plus, dès lors, qu’à se lâcher en confiance, et à se mettre avec enthousiasme à écrire avec lui, la suite du parcours de notre propre histoire.

J’avertis ici tout de suite que ce n’est plus du tout la même chose
quand on passe d’une vie d’errance au gré des circonstances à une Vie appuyée, guidée et protégée par une instance invisible mais bien vivante, qui se positionne systématiquement au service de notre mystérieuse raison d’être. Dès lors, que ce soit dans la facilité ou la difficulté, dans le juste ou dans l’erreur, dans la peine ou dans la joie, plus rien n’est aléatoire, tout a un sens qui peut parfois être décrypté, mais surtout :
… il y a cette confiance absolue et sans réserve pour cette
mystérieuse Présence qui oeuvre en silence et pour le Bien.
Il est chargé de tout l’Amour du monde : L’Ange Gardien !

Je verrai plus tard, et en fonction des commentaires, s’il y a lieu d’envisager un prolongement à cet article. Il peut se suffire à lui-même en donnant quelques idées qui pourraient aider à réveiller des trucs et des machins …

En attendant, je vais aller dans les bois voir si le loup n’y est pas !