ATTRACTION

A propos d’une pseudo-loi

Depuis quelques années circule une conception propre à faire tromper tout le monde à propos d’un sujet métaphysique majeur. Il s’agit de l’incontestable et grande loi de l’analogie universelle, base de l’hermétisme (l’alchimie), qu’un clampin moyen a trouvé très malin de déformer en remplaçant le mot “analogie” par le mot “attraction”. Comme il est manifeste que ce qui sent mauvais attire les mouches, ce genre de bouillasse malodorante attire en meute des foules de braves gens en quête de recettes magiques ; cette attraction-là est, par contre, bien effective. “Asinus asinum fricat” , adage latin qui signifie : “les ânes fréquentent les ânes”, ils semblent s’attirer !
J’ajoute que lorsque, d’aventure, une de ces gesticulations semble avoir entraîné le résultat attendu, c’est, évidemment, pour d’autres raisons que celles que l’on croit, notamment par l’effet placebo que peuvent parfois entraîner certaines superstitions quand, par chance, elles ont évité les effets pervers dont elles sont généralement porteuses.

Cette contre-culture qu’est la pseudo-loi d’attraction universelle entraîne précisément la perte des moyens d’obtenir ce qu’on recherche, et même, bien souvent, elle entraîne la survenance du contraire. En effet, la loi d’analogie universelle est un principe fondamental qui s’exécute de toutes façons et quoi qu’on fasse ; c’est pourquoi pendant qu’on s’égare sur de fausses routes, l’attention est occupée ailleurs et on perd de vue ce qui se trame en arrière-plan de façon inconsciente.
Ce qui se trame est un état particulier qui s’oriente naturellement sur tout ce qui lui est analogue (ce qui lui ressemble). Bien que cet état soit inconscient, on peut s’en faire une idée, par déduction, à partir du schéma d’existence qu’on est en train de vivre.

Avant même d’aller plus loin, on peut commencer par remarquer la confusion des genres qui préside à la conception de cette pseudo-loi d’attraction. En effet, il est envisagé une attraction de choses à partir d’un conditionnement psychologique. Il est vrai que ça pourrait y ressembler parfois, mais qui dit “attraction” présuppose mouvement et mouvement présuppose énergie. Or, mouvement et énergie ne concernent que le monde sensible, le monde de l’espace/temps ; quant aux moyens qu’on prétend utiliser pour générer des mouvements sur ce plan, sont sur le plan psychique qui, par nature, ne connaît ni la distance, ni le temps ; par voie de conséquence il ne peut y avoir sur ce plan ni mouvement, ni énergie et par suite, rien qui pourrait être de l’attraction.

A la rigueur, on pourrait faire comme si on s’attirait ceci ou cela en s’auto-conditionnant, mais ce serait risqué ; l’illusion de surface ne changera rien au processus vivant en train vivre ce qui lui ressemble. Un faux espoir lié à un doute pourrait même aggraver la situation. Il faudrait que cette première façon de voir les choses puisse très vite être dépassée pour diriger l’attention sur la “raison d’être”. J’ai souvent abordé ce sujet primordial difficile d’accès. Mais ici en particulier ce sujet passe avant tout le reste. L’oublier, c’est partir à poil dans un champ de râteaux !
Pif …Paf…Ayayail… Ouille !…

Quelques points à rappeler :
1/ Nous ne sommes pas (que) des machines biologiques. Nous sommes uniques et caractérisés par une bonne raison d’exister ; et ceci avec un certain bagage précisément approprié, celui-là et pas un autre.

2/ Même si cette bonne raison est impénétrable (les fameuses “voies du Seigneur”), elle préside en permanence, elle détermine l’être que “JE SUIS”, lequel se comprend comme un aspect apparemment et provisoirement distinct de l’Être Suprême (Le Grand “JE SUIS”), un aspect libre de s’exprimer selon son degré de conscience, et à sa guise (le libre arbitre).

3/ Selon nos orientations qui peuvent être ou ne pas être en synchronicité avec notre raison d’être, notre parcours sera soit facilité, soit parsemé d’épreuves destinées à nous aider à rectifier le tir.

4/ L’Etre que je suis vit et exprime extérieurement cette harmonie ou disharmonie entre ce que je suis et ce que je voudrais être et exprimer. Dans le premier cas, je serais serein, heureux et “béni des dieux” ; dans le deuxième, ce sera rude et abrupt, mais dans les deux cas, ma “raison d’être” aura déterminé des circonstances conséquentes à mon insu, mais toujours pour mon “Bien” (Même si parfois je tords le nez).
Quand ça foire, je me permets de râler pendant cinq minutes, je hurle, je jure (en patois gascon le plus souvent), je vocifère, je crie et je m’écrie en lançant de toutes parts des “millo diou” et des “millo diou” jusqu’à extinction des feux ! Cinq minutes et pas plus, c’est la dose autorisée.

De gré ou de force, ma raison d’être qui m’aime plus que tout au monde m’assiste en fonction de ce que je fais ou de ce que je ne fais pas, et puis aussi en fonction de ce que je pense ou de ce que je ne pense pas.

5/ La loi de l’analogie universelle va m’entraîner dans des choix de toutes sortes et à longueur de journée, des choix qui seront obligatoirement orientés par la résultante de ce que nous venons de voir ; chance et malchance ne sont pas des phénomènes aléatoires. Ce sont toutes les deux des indicateurs. Quand mes souhaits et espérances sont alignés avec les différents aspects de moi-même, je me sens aidé par l’invisible, et je rencontre naturellement dans les circonstances de quoi favoriser ma trajectoire. En sens contraire, quand mes souhaits et espérances sont en contradiction avec certains aspects de moi-même, et plus particulièrement avec ma raison d’être, je reçois une autre forme d’aide de l’invisible qui fait que je rencontre naturellement dans les circonstances de quoi m’inciter à rectifier les erreurs.

J’ajoute ici avec force que je n’attire rien du tout, ni même que je sois attiré par quoi que ce soit, c’est simplement par analogie que ce qui se ressemble s’assemble. Je vis ce que je vis parce que ça me ressemble !

On se sert ou on ne se sert pas de ce principe fondamental, c’est à chacun de voir, mais quoi qu’on fasse ou qu’on ne fasse pas, ce principe s’applique inexorablement et participe à notre trajectoire de façon discrète et déterminante.

C’est ainsi qu’on peut comprendre une chose essentielle : “ Je suis l’auteur de mon destin. Tout ce que je vis, je suis allé me le chercher inconsciemment sous l’autorité de mon “Moi” invisible et profond qui tente constamment d’éveiller ma conscience à l’aide de joies et d’épreuves savamment orchestrées par un “Ordre Naturel” qu’on appelle :

la Grande Loi de l’Analogie Universelle.

Mieux que d’une loi, je préfère parler d’un Principe. Ce Principe, comme tout principe métaphysique découle du Principe des principes qu’on énonce souvent par cette formule : “UN le TOUT”. A partir de là, on comprend que :

1/ Rien n’est véritablement séparé, divisé ou éloigné. Fuite ou attraction ne peuvent être qu’illusion.

2/ Certains aspects du TOUT peuvent être provisoirement et accessoirement rassemblés dans une même conception par voie d’analogie ou de ressemblance, et ceci sur les différents plans, physique, psychique ou métaphysique.

3/ Ces rassemblements se font par des mises en résonance d‘éléments identiques (à l’unisson), ou complémentaires (en harmonique) ; c’est dire que des choses apparemment opposées seront également concernées.

4/ C’est ainsi qu’à partir d’une trajectoire quelconque envisagée de façon directe (mais surtout indirecte et cachée), vont s’éclairer d’une couleur semblable toutes les hypothèses de choix servant la même cause. C’est comme si sur une plage apparaissait brusquement l’ensemble des grains de couleur bleue. Dans ces conditions, si on est bleu soi-même, on choisira naturellement parmi les choix de couleur bleue, ceux qui sont le plus immédiatement à notre portée. Cet exemple métaphorique montre que nos choix dépendent de “QUI nous sommes”, de l’Etre dans son identité fondamentale, c’est lui qui détermine ce qui mérite d’être vécu à un moment donné

Si on convient que l’objectif de l’existence est de permettre à la conscience de s’ouvrir et d’évoluer par les voies de la Connaissance vers le réveil d’un état primordial oublié, on conviendra aussi que le processus que nous venons d’évoquer est censé évoluer lui-même vers cet objectif ; il en est même le moteur. Cependant ce n’est que de façon potentielle. Comme toujours, c’est à prendre ou à laisser, c’est à chacun de s’y mettre ou d’aller voir ailleurs pour se distraire.

Confucius

C’est ici que cette citation de Confucius prend toute sa validité : “ Plutôt que maudire l’obscurité, mieux vaut allumer une chandelle”. Quand on comprend que la cause de l’obscurité est en nous et que cette cause veut notre bien, ce n’est pas par le combat ou en voulant forcer les choses qu’on fera œuvre utile ; ce sera au contraire un combat perdu d’avance, puisque c’est le combat de moi contre moi ; le combat entre le “moi” obscur et le “Moi” éclairé.
Par contre, une chandelle, aussi petite soit-elle, n’est pas de même nature que l’obscurité, et de proche en proche, cette petite flamme peut, toujours par voie d’analogie, rassembler ce qui lui ressemble dans un ensemble grandissant d’hypothèses de choix allant vers la lumière.

Et maintenant,

Et maintenant, et de façon prioritaire on peut commencer par se débarrasser de tout ce qui fait tromper. Même une vision superficielle qui contient quand même un certain bon sens, devrait éloigner une grande partie de ces fausses-pistes qui emprisonnent l’intelligence.

Parmi ces fausses pistes, il y a cette obscure loi d’attraction qui se fonde, comme bien d’autres fausses-pistes sur l’ignorance absolue du Principe des principes, Tout est UN, Un le tout. Sans cette donnée primordiale, on va tenter d’attirer des choses perçues comme extérieures à nous-mêmes. On retrouvera un semblable égarement dans des approches de nature idolâtres qui ont perdu de vue que les représentations extérieures ne sont que des symboles de réalités intérieures et personnelles.

Un symbole, comme une statue de plâtre, par exemple, ou une croix d’argent, n’a aucune vie par lui-même, ce n’est qu’un objet inanimé ; par contre, ce qu’il symbolise pourrait être bien vivant et la symbolique, bien comprise et bien utilisée, pourrait être le moyen le plus approprié pour communiquer, par analogie, avec l’invisible. C’est, par exemple, le cas dans certaines cérémonies appartenant à des cultures qui ont conservé des racines authentiques.

Ici comme ailleurs et à l’occasion de cet article destiné à atténuer les effets pervers des fausses et contre-cultures en général et de cette histoire d’attraction en particulier, je terminerai par cette remarque qui explique la cécité du plus grand nombre quant à la globalité de l’être que nous sommes.

De façon consciente ou inconsciente, nous avons tous tendance à favoriser dans notre vision des choses certains aspects plutôt que d’autres, ce qui nous rend aveugle et ignorant vis-à-vis des aspects que nous avons ignorés.

De façon plus générale, il y a d’abord ceux qui sont concentrés sur l’aspect corporel de l’être humain ; ce sont comme des biologistes qui peuvent penser tout expliquer sous ce seul aspect.
Ensuite, il y a ceux qui sont obnubilés par les aspects psychologiques de l’être humain et ils pensent comprendre une trajectoire de vie selon ces seuls aspects.
Il y a enfin ceux qui se fixent sur la métaphysique et qui, centrés sur l’universel, finissent par devenir de stériles théoriciens qui en oublient le vivant présent aussi dans l’individualité.

Bref, tout un programme … mais, putain d’Adèle, ça vaut vraîment le coup de parcourir cette existence, justement parceque ce n’est pas facile, et surtout parce que sans doute, le jeu en vaut la chandelle, sinon, passer tant d’années à tournicoter pour en retirer l’équivalent d’un pet de lapin, ce serait vraîment trop con ! … Or, l’ordre naturel est souvent bizarre et facétieux, mais con, jamais, jamais, jamais…

A bientôt