DEVOIR TRAVAIL

DEVOIR TRAVAIL

J’ai ralenti depuis quelques jours la production d’articles. j’en profite pour émettre celui-ci qui concerne les aspects essentiels de l’existence humaine. En effet, dans mes derniers articles, je me suis surtout attardé sur les aspects religio-philosophiques de la condition humaine.

C’est évidemment, pour moi, ce qui doit passer avant tout le reste, mais seulement en guise de préambule pour éclairer le quotidien. Certaines approches sur ces mêmes thèmes, approches qui peuvent, malgré tout, être très respectables et légitimes par ailleurs, se sont quelque peu égarées vers des positions radicales qui montrent un certain mépris pour les choses corporelles ou simplement terrestres de l’existence.

Ce n’est pas du tout mon point de vue ; je considère, bien au contraire, que les conditions de la vie terrestre, aussi compliquées, tordues, trompeuses ou enchevêtrées soient-elles,  constituent une fabuleuse occasion pour l’homme d’éveiller une conscience et une intelligence capable de se déployer en direction d’une identité suprême que, d’ailleurs,  je ne peux même pas imaginer.

Je pense même qu’il n’y a aucune obligation, c’est à chacun de voir, mais je pense aussi que ce serait dommage de s’en priver. D’autre part, je crois que la règle du jeu de l’ordre cosmique est fondamentalement pour le bien de tous,  dans une configuration d’union (ou d’unité de la multiplicité).  

En effet, si on admet le principe de Platon et des philosophes grecs (entre autres), que le Principe suprême, que le divin et que le Bien absolu, sont une seule et même chose , on ne peut alors qu’être convaincu que le Bien absolu ne peut pas vouloir autre chose que le bien en toutes choses et dans les moindres détails. Je pense que  toutes les joies et  difficultés de la vie terrestre peuvent servir directement ou indirectement ce seul et même objectif. A prendre ou à laisser… 

Le mal dont la conscience a besoin pour se mobiliser vient des erreurs du “libre-arbitre » qui se croit autonome et séparé d’un Principe supérieur. Je crois même que de façon générale, tout mal vient de cet oubli. Par suite, je considère qu’un minimum de culture authentique véhiculée par la philosophie est rigoureusement nécessaire.

C’est pourquoi, depuis un quarantaine d’années au cours desquelles j’ai accompagné des milliers de personnes vers plus de joies et moins de difficultés, j’ai favorisé des avancées individuelles au plan philosophique. J’ai même écrit un livre il y a une vingtaine d’années orienté sur “l’essentiel” qui se cache derrière les apparences. Le travail à l’aide de la psychologie est nécessaire, certes, il permet de s’affranchir, au moins en partie, des automatismes et conditionnements ;  cependant il n’est pas suffisant. Pour avoir longtemps fréquenté, par la force des choses, les milieux de la psychologie et m’être occupé, bien souvent, de rectifier le tir (je veux parler des objectifs), j’insiste ici avec force. 

La psychologie oui ! bien sûr ! Il existe diverses approches (de qualité inégales d’ailleurs), c’est un socle très important pour la connaissance de soi ; mais, attention, c’est très insuffisant ! 

La psychologie s’intéresse principalement aux comportements et aux mécanismes qui les provoquent. Il est évident qu’il est très utile de connaître ce qui n’est que le résultat de conditionnements, d’habitudes ou de tendances, pour pouvoir distinguer ce qui pourrait avoir une certaine valeur de ce qui n’en a aucune.
Quant à ce qui pourrait avoir une certaine valeur, cela ne peut se rencontrer que dans la philosophie. A défaut,  l’être n’est considéré que par l’ensemble des automatismes qu’il a favorisés, une sorte de robot dont on ne sait quasiment rien du programmeur. 

Qu’il faille commencer par se débarrasser des aspects limitants et contraignants de tendances malsaines, certes, mais c’est à partir de là que commence le véritable travail sur le “connais-toi toi-même”. Tout être vivant est censé connaître TOUT ce qui constitue son être ; mais il n’en est que peu ou même pas du tout conscient. Tout le travail sur soi qu’on peut faire à l’aide de la philosophie, consiste justement à éveiller de la conscience pour tenter de réveiller ce qui dort ou qui somnole au milieu de distractions diverses.


Philosophie ( philéô =
« aimer »  sophía = « sagesse, savoir ») On dit que “philosopher c’est douter”, c’est dire que c’est remettre en cause ce qu’on croit savoir. Tant qu’on n’est pas parfaitement heureux à toutes les millisecondes de la journée, on détient la preuve officielle qu’on ferait bien de douter d’un certain nombre de certitudes (en particulier, celles qui débouchent, directement ou indirectement, sur la justification du Mal)

Religion

Système de représentation du monde et de croyances fondé sur la foi, et consolidé par l’accomplissement de rites dans le cadre d’un culte rendu à une ou plusieurs puissances, souvent célestes. (source : Wiktionnaire).

Cette définition me convient ; inutile d’en chercher une autre. Par contre, il convient, quand même, de nuancer certains aspects. Foi et croyance sont deux choses différentes ; Les croyances sont des points de vue superficiels qui peuvent être argumentés ; la foi entraîne des certitudes et positionnements inexplicables, inaccessibles à la raison.

Quant aux rites et aux cultes, ce sont des processus qui, par métaphore, de façon émotionnelle  et par répétition entraînent un état semi-hypnotique qui favorise une perméabilité à une influence spirituelle. Cette influence spirituelle est intransmissible par la raison, elle ne peut l’être que par l’intuition ; c’est précisément cela que la pratique d’un rite ou d’un culte stimule.

Travail

Platon définit le travail comme une activité économique qui a pour but la satisfaction des besoins. OK pour ça, mais pour moi, il y a beaucoup plus que ça. Sans doute, Platon a dû l’exprimer par ailleurs…

Le mot «Travail» est issu du bas latin tripalium, qui est littéralement une machine faite de trois pieux. Or, le tripalium était cet instrument utilisé en 1000 pour ferrer les bœufs et les chevaux difficiles et capricieux. (source : Le Temps)

Cet instrument a été utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles (source : Wiktionnaire).

Ceux qui considèrent le travail comme une torture, se servent abusivement de ce dernier aspect pour légitimer leur point de vue. 


Pour les autres, ceux qui considèrent le travail comme  le meilleur moyen d’être heureux, c’est ce qui permet d’exprimer ses propres qualités, si bien que l’effort consenti est lui-même un plaisir.

Il est évident que c’est ce point de vue que nous allons privilégier. Cependant l’expérience montre que traverser l’existence en progressant en direction de l’ouverture de la conscience et à l’aide d’un travail épanouissant, n’est pas forcément le cas de figure le plus répandu. 

Le COSMOS

Le mot Cosmos (ou Kosmos) signifie en grec “Ordre”. Il désigne le TOUT ordonné ; cela signifie que le UN ou le TOUT n’est pas un ensemble aux différents  aspects séparés ou aléatoires, mais, bien au contraire, le Cosmos est le tout organisé et ordonné depuis le global (absolu) jusqu’au moindre détail. Tout est en interconnection et en interdépendance. N’importe quoi a sa propre “raison d’être”, le Cosmos lui-même, a sa propre “raison d’être”. 

Comme tout est en interdépendance, il est impossible de connaître l’ensemble des tenants et aboutissants d’une raison d’être, une circonstance qui survient, par exemple. On s’enferme généralement dans quelques aspects de surface qui ne sont là qu’en qualité d’accessoires, mais qui n’expliquent strictement rien à propos de  la survenance de cette circonstance. 

Cependant, même si “la raison d’être” d’une circonstance est le plus souvent obscure, et si on dispose d’un minimum de culture (quelques idées à propos de Cosmos, du Bien et du Mal)  on sait au moins deux choses 

1/ Cet événement (ou circonstance), qu’il soit durable ou passager et qui me concerne (directement ou indirectement), me parle par ce moyen. Le fait que je n’y comprenne pas grand chose, ne change rien à cela. Rien n’est aléatoire, il y a forcément un courant formé d’une multitude de détails orienté sur la survenance de cette circonstance.

2/ Cet évènement, peut-être agréable et même s’il m’empoisonne l’existence, a forcément un objectif bon pour moi. Comme l’a montré Platon ( et bien d’autres avant lui et après lui),  si on garde à l’idée que le divin (ou l’absolu) c’est le BIEN absolu, on est bien obligé d’admettre que l’ordre cosmique ne peut qu’être au service du Bien absolu. Si on choisit quelqu’un de précis, cet homme ou cette fillette , par exemple ; cette personne vit une circonstance (quelle qu’elle soit) dont l’objectif est d’influencer quelque chose de BON (pour lui ou elle).  A prendre (si on dispose d’un minimum de conscience) ou à laisser. Le “libre arbitre” n’est pas toujours bien inspiré.
Cependant, et même si on ne sait pas “en quoi” c’est bon pour moi , le seul fait de savoir qu’il y a forcément quelque chose de BON à en retirer, oriente dans le bon sens les choses dans l’invisible.

LE DEVOIR

Pour les Anciens, le monde était un cosmos, un tout organisé et régi selon la raison. Il suffisait donc d’obéir aux principes qui découlent de l’ordre de la nature pour accomplir un devoir qui n’avait rien de pesant (source : Encyclopaedia Universalis).

Le cosmos, ou l’ordre naturel, est un tout parfaitement organisé et ordonné autour d’un certain nombre de principes. Ces principes fondamentaux sont en partie accessibles à l’aide d’une philosophie utilisant une métaphysique à peu près convenable (je dis bien “à peu près”, l’absolu étant considéré comme inaccessible).

C’est ainsi que, même si ce n’est pas toujours simple dans le détail, la notion de devoir peut apparaître souvent assez facilement. Évidemment, et comme il y a des “ça dépend partout” ainsi que des cas d’exceptions, la notion de devoir demande une certaine ouverture de conscience ; par exemple, des comportements absurdes, ou même pire, peuvent tenter de se justifier sous une forme caricaturée de devoir accompli.  C’est une belle vacherie ! et même beaucoup plus fréquente qu’on pourrait le supposer.

Déroger à l’ordre cosmique est un viol. Du mal, il ne peut résulter que du Mal. De proche en proche, le Mal se répand et gagne du terrain par influence…

Un jour, un dictateur a dit, de façon tranquille et d’un air amusé : “Un opposant inoffensif est un opposant mort”. Je ne dis pas qui c’est, car je n’aime pas désigner qui que ce soit ; mais cette citation est assez connue. Son successeur et bien d’autres dictateurs dans le monde sont sur la même longueur d’onde.  

Dans cet exemple, il y a viol manifeste de la logique fraternité universelle (tous issus du seul et même père) ; On considère  les autres comme des objets ou des pions qui servent nos intérêts ou qu’on jette à la poubelle quand c’est le moment. Ce dictateur est devenu “malfaisant” , il fait le Mal et provoque par contagions ou réactions du mal, du mal et encore du Mal. Il est devenu, sans le savoir, un serviteur fidèle du désordre (un Cosmos à rebours), ou, en d’autres termes, plus anciens, ceux-là : un suppôt de Satan.

Ce Dernier exemple est évidemment suffisamment énorme pour qu’on ne puisse pas l’ignorer, mais attention ! Nous sommes quasiment tous capables de nous compromettre dans un processus analogue ; utiliser les autres pour servir nos propres intérêts et nous en détacher quand ils ne servent plus à rien, qui ne se sent pas visé avec ce genre d’évocation ? 

Avec les dictateurs, au moins c’est clair, c’est assumé ; l’énormité masque l’obscurité. Chez le quidam ordinaire, il en va tout autrement. L’hypocrisie arrive à grand renfort de gesticulations puériles pour se servir des autres sans états d’âme, derrière un paravent “bon-chic.bon-genre.de-gens–bien-pensants.au-dessus-de-tous-soupçons”. Le FAUX est un mal aussi puissant que les autres et il se répand de la même façon. 

Et Maintenant

Ce que j’ai indiqué jusqu’à présent est nécessaire pour ce qui va suivre. Nous en arrivons maintenant à l’objectif de cet article. Comment se construire un creuset intérieur, une sorte de sanctuaire, qui contient un certain nombre de pierres aussi précieuses que sacrées, et qui sont le reflet de principes et d’idées qui embellissent et enthousiasment les notions de Travail et de Devoir.

L’idée directrice qui doit présider à cette étude, nous l’avons déjà cité : Progresser, dans la sens du mieux-être, du mieux vivre, de la bonne humeur, de la convivialité, de la joie de vivre au quotidien,  de l’enthousiasme et de l’amour qui l’accompagne , ou pour le dire plus rapidement, de se sentir de plus en plus heureux. Nous disposons tous d’un baromètre intérieur qui est capable de nous le faire percevoir. 

La notion de Devoir, tourne, nous l’avons vu, autour de la fraternité universelle. Bien des choses trouvent leur réponse dans la simple observation de ce que fait l’ordre universel.

Il suffit de s’y conformer ou de ne pas s’y opposer. 

Par exemple, quelqu’un me dit ceci: « il faut être végétarien, il ne faut surtout pas tuer des animaux pour les manger». On ne peut que répondre à cette intervention que de la façon suivante : « pourquoi les animaux en particulier ? les salades ne sont pas vivantes quand on les cueille ? L’ordre cosmique fait que le vivant se nourrit de vivant ; pour vivre il faut tuer, c’est la seule solution, pourquoi faire semblant de s’y opposer .? Dans la jungle on est proie ou prédateur et le plus souvent les deux (c’est admis d’avance par tous les êtres vivants). l’ordre naturel est ainsi fait. Être végétarien par goût des légumes, pourquoi pas, c’ est très bien; par contre si cela répond à un sentimentalisme contre-nature : Non » (Sauf dans de rares cas particuliers ou occasionnels, bien entendu. Il y en a toujours. Rappel : Il y a un “ça dépend partout!”)

La notion de Devoir, peut être parfois très ambiguë. Par exemple, faire le Mal pour empêcher un autre mal (par exemple tuer un tueur qui se prépare à tuer), ou bien prendre pour un devoir des a-priori venant de coutumes, ou de réglementations, de fausses ou de contre-cultures, ou d’opinions qui se sont généralisées comme s’il était juste et normal de se comporter ainsi par devoir. Bref, ce n’est pas toujours très simple.


Cependant, les fondamentaux doivent rester intacts. Si le Cosmos tend vers le Beau, le Bien, le Bon, Vrai ou le Juste, on a pour premier devoir de respecter cet ordre naturel. Le Laid, le Mal, le Mauvais, le Faux ou le mensonge, l’injustice ou le mépris de la liberté des autres, tout cela et plus encore sont des viols de l’ordre cosmique et constituent des Fautes Graves (qui dit “faute grave” présuppose une logique contrepartie en direction du Mal).

La notion de Travail, tourne autour du plaisir de faire plaisir. Toujours positionné dans l’idée d’être de plus en plus heureux dans la  traversée de cette existence, on sait d’avance qu’il y aura des changements, des moments faciles, d’autres qui le seront moins, on sait aussi qu’il y aura des époques différentes, des fréquentations et des goûts et désirs qui peuvent évoluer. Bref, on sait que le futur sera et on ne sait pas comment il sera, mais on sait aussi (et surtout) que l’ordre cosmique a son mot à dire.  

Il va de soi que : “Je ne suis pas celui que je suis et comme je suis, depuis que je suis né, pour des prunes !”

 Ma morphologie, mes tendances, mes aptitudes, mes qualités et mes défauts etc. Tout cela est unique au monde et je dois en tenir compte. Cela m’est donné par nature, je n’ai pas à me comparer à qui que ce soit d’autre, chacun son parcours avec ce qu’il a au départ. Peu importe le jeu qui nous est servi d’entrée, l’important, c’est d’y jouer avec les cartes qu’on a en main ! 

On n’est que de passage dans l’existence, on ne laissera pour trace que l’équivalent du sillage d’un oiseau dans le ciel ; l’objectif n’est dans aucune réalisation concrète, tout cela occupera un moment et s’en ira ; par contre développer, au cours des multiples activités, une conscience de plus en plus heureuse de vivre, voilà un objectif en conformité avec le Cosmos. 

Peu importe le genre de travail. Peu importe si on le trouve flatteur ou non, ou bien s’il me rapporte plus que j’ai besoin pour vivre ou non. Tout cela est devenu de nos jours un passage difficile à franchir. On est hyper conditionné par une fausse-culture qui fait croire aux nouveaux venus des idées à propos du bonheur complètement farfelues. 

J’ai eu des centaines de clients à accompagner sur le thème du travail. Je sais, par expérience, que c’est très difficile pour la plupart de s’extirper des sentiers battus et rebattus par les médias, les affiches les mouvements de foule et les influences diverses qui font croire qu’un bon travail, c’est plutôt ceci, ou qu’un mauvais, c’est plutôt cela, ou que tout travail est un mal nécessaire et que les seuls moment de vrai bonheur sont ceux où l’on ne fait rien (moments de détente, qu’ils disent, comme si on était tendus le reste du temps). Du coup, seuls comptent les loisirs les plus divers et variés qui coûtent beaucoup d’argent pour peu de plaisir.

 Et tout ce petit monde décervelé voudrait gagner une fortune sans rien faire (au loto par exemple) pour pouvoir aller à l’autre bout du monde pour se trouver des plaisirs exotiques en cherchant, cherchant et cherchant encore et toujours qu’est-ce qu’il faudrait encore ajouter à “qui je suis par nature”, pour que j’arrive enfin à m’épanouir et être heureux dans un mode de vie conforme à mes idées préconçus qui, précisément s’opposent à ce simple épanouissement de mes spécificités. 

C’est le stade où je recevais les personnes qui me demandaient de l’aide ; dans une grande désespérance. Ces personnes cherchent des causes à l’extérieur, c’est la faute à ceci ou cela ou à “pas de chance”. Il faudrait justement ce qu’on n’a pas (un physique, un diplôme, une fortune, le permis de conduire, des relations mondaines ou un titre honorifique etc.).
Par contre on se fiche de ce qu’on a, et que même souvent on ignore ( Un abord sympathique et rassurant, le plaisir de suivre des procédures (ou le contraire) ou de rendre service, la tendance à se dévouer pour une noble cause, la fiabilité vis à vis de l’entourage, le goût des choses simples et faciles d’accès, une bonne capacité à privilégier l’amitié et le partage, le plaisir de fignoler et du travail bien fait ou, au contraire, le plaisir de l’efficacité et le sens naturel de gérer les urgences).  

Ce sont ces tendances naturelles dont il va falloir tenir compte avant de s’orienter dans une profession. Et puis, il suffit souvent de réaliser quel genre de choses on fait pour les autres depuis qu’on est enfant, sans le moindre effort et avec plaisir ; s’il en a toujours été ainsi, c’est qu’on est en synchronicité avec soi-même, avec ce qui nous est donné par nature, et tout cela pour servir notre mystérieuse “raison d’être” qui nous a équipé dans ce but.

Je me souviens que beaucoup de mes anciens clients ont changé de vie quand ils ont pu intégrer ce qui est présenté dans cet article (si d’aventure, certains le lisent, ils se reconnaîtront). Par contre, il en est aussi un certain nombre qui ont été avalés par l’influence à rebours du monde moderne. J’espère pour eux que, même si leur parcours est plus abrupt, ils trouvent rapidement les bonnes réponses aux difficultés. 

J’ai écrit cet article en pensant aux parents ou à d’autres qui fréquentent des jeunes ou de moins jeunes qui se reconvertissent, ou bien encore pour ceux qui dénigrent leur propre statut social. Tous ont à affronter le même piège de l’existence humaine : 

Le regard des autres

Je n’ai retenu qu’une seule phrase de l’œuvre de Sartres :”L’enfer c’est les autres”. Oui, effectivement, c’est tout à fait exact pour la plupart de nos contemporains. A une époque où l’esprit de compétition contamine tout le monde, y compris de braves gens qui ne sont pas du tout dans cet esprit, les uns et les autres vivent assujettis au regard (supposé) des autres. Cela est d’autant plus grave que dans ces conditions, tout ce que nous faisons ou pensons ne vient pas entièrement de nous-mêmes, l’idée qu’on se fait de ce qu’en pense les autres devient déterminante. De ce fait, on éteint la flamme vivante de notre personnalité, et on avance comme des zombis sous l’éclairage artificiel et mort du regard des autres.

Par exemple, il y a ceux qui se mettent du vernis partout pour avoir l’air brillants ; il y a aussi ceux qui étalent d’anciens succès toute leur vie (par exemple un exploit sportif ou l’obtention d’un diplôme ou d’une distinction quand on était plus jeune). C’est pitié de les voir gesticuler en agitant leur hochet pour être remarqués. Le plus fort, c’est que pour un observateur quelque peu éclairé, ils affichent le contraire de ce qu’ils voudraient montrer. En voulant s’afficher comblés par l’existence, ils affichent au grand jour des artifices de substitution destinés à masquer ou remplacer la très mauvaise image qu’ils ont d’eux-mêmes. En effet, plus on en rajoute, plus on montre son manque, simple logique.

Autre exemple, il y a ceux qui ne cherchent pas à cacher la mauvaise image qu’ils ont d’eux-mêmes, mais, dans cette course-poursuite à la compétition, s’arrêtent au bord de la route et accusent à tour de bras des responsables de leur propre déchéance. Pour aller mieux, il faudrait refaire le monde !

On pourrait ainsi multiplier les exemples à propos de l’hégémonie du regard des autres. Cependant, il est capital de désigner directement ce qui en chacun de nous est coupable de cette misère interne.

L’image de soi

Ce qu’on appelle l’image de soi, c’est l’idée qu’on se fait de soi-même. Ceci de façon globale, et puis aussi dans les détails. 

On notera, tout d’abord, que, compte tenu de l’importance qu’on accorde au regard des autres, on est extrêmement critiques et sévères dans nos auto-évaluations. Par exemple, nombreux sont ceux qui se trouvent affreux sur les enregistrements (photos, vidéo, audio). Combien clament haut et fort : “ je veux pas passer pour un con !”, c’est, sans doute, parce que précisément la question se pose ainsi dans l’ombre. 

Inutile d’en rajouter, le monde actuel stimule ce genre de représentation dégradée de soi-même et pousse les uns et les autres dans  une course poursuite vers des  “honneurs” en tous genres. Ceci en toute impunité, bien entendu, puisque tout cela semble normal et très bien à la communauté pétrifiée dans l’esprit de compétition.

La bonne image de soi

La belle, la bonne, la vraie ou la juste image de soi, est, sans doute, tout à fait inaccessible ; en résumé, chacun est une expression divine de l’absolu. Cela veut dire que même si on ne peut pas aller jusque là, c’est quand même à partir de là qu’il est important de se situer.

 Avec ce point de vue, on va déboucher immédiatement sur l’évidence de la fraternité universelle. Avec cette évidence, on ne peut comprendre les différences entre les uns et les autres, que dans un esprit de complémentarité (et surtout pas en terme de valeur) ; chacun doit pouvoir trouver sa “raison d’être” à l’endroit où il se trouve, et, par ailleurs,  toutes les “raisons d’être” se valent. Rien n’est évalué en termes de supériorité ou d’infériorité. L’ordre cosmique est ainsi fait ; à part les êtres humains, tous les êtres vivants sur terre (animaux, végétaux, insectes, microbes, poissons et autres), fonctionnent naturellement selon leur nature, sans états d’âme valorisants ou dévalorisants  vis-à -vis des uns et des autres. Chacun à sa place et selon sa nature, voilà ce que dit l’ordre naturel, un point, c’est tout ! Les êtres humains feraient bien de prendre exemple à ce sujet.

Avoir une image normale et naturelle de soi-même entraîne un sentiment de proximité avec sa nature essentielle, et par suite avec son âme et par voie de conséquence une ouverture de la conscience éclairée de joie et d’amour. C’est ainsi que la recommandation d’aimer son prochain comme soi-même, devient une évidence, mais ne peut être valide qu’à partir de la perception de cet amour pour soi-même. C’est pourquoi, une bonne image de soi doit pouvoir aller jusque là ! 

Je m’aperçois que cet article commence à devenir un peu long ;. il est de fait que bien des points demanderaient de plus amples développements,  Ce n’est pas évident de connaître son devoir et de connaître sa fonction utile en ce monde ; je crois que cela fait partie de la connaissance de soi. Le fameux “connais-toi toi-même” de Socrate, est à mon sens ce qui constitue le socle primordial de toute Connaissance.

Aimer son travail quel qu’il soit, Aimer le travail bien fait et être content et heureux de l’assumer !

Aimer accomplir son Devoir, Aimer s’associer à l’ordre du Cosmos et se réjouir d’assumer facilement de quoi le servir !

Tout cela résume ce que je voulais dire, mais il y a beaucoup plus encore que chacun ne peut découvrir que par soi-même et ça, c’est ce que toutes les traditions déclarent être rigoureusement incommunicable.

Il ne nous reste plus qu’à se frotter les mains de bon matin, en se préparant avec enthousiasme à la superbe journée de travail qui s’annonce.

Et puis, ce soir, ce sera le moment de baisser la pression et de laisser s’installer cette grande sérénité du travail bien fait et celle du Devoir accompli.

A Bientôt