LES VERTUS CARDINALES
Une légère brise vient de passer. Il se peut que quelques papillons soient encore un peu décoiffés, mais tout va bien ! Le soleil se prépare à éclairer ce qui mérite de l’être et je me sens moi-même un tantinet guilleret.
Il est vrai que je ne suis pas d’un naturel grimacier et je m’étonne, bien souvent, de voir faire ceux qui s’y complaisent. Bon ! Quand j’aurai le temps, j’observerai une minute de silence en guise de compassion et pour l’heure, je vais m’intéresser à un sujet considéré (à juste titre) comme majeur depuis des millénaires ; je veux parler de ce qui est exprimé sous le vocable suivant :
Les vertus cardinales.
Le mot vertu vient du mot latin virtus. C’est un mot qui suggère la puissance ; il est dérivé du mot “Vir” qui est la racine des mots “viril” ou “virilité”. Les vertus sont ainsi animées par des forces viriles et elles s’expriment sous forme de “fortes valeurs”.
Le mot “cardinal” vient du latin “cardo” qui signifie “ pivot ou charnière”. C’est dire que les vertus cardinales sont considérées comme essentielles. On peut penser, par exemple, aux gonds d’une lourde porte qui sont les éléments majeurs qui permettent son ouverture.
De la même façon on peut considérer que :
les vertus cardinales sont des puissances majeures qui permettent
l’ouverture de la lourde porte de l’intelligence humaine.
Cette porte est celle qui ouvre ou qui ferme la conscience à la perception du Bien ou de Mal, du Juste ou du Faux, du Beau ou du Laid, du Bon ou du Mauvais.
Les valeurs.
Avec cet avant-goût concernant les vertus cardinales, on est bien loin des “valeurs” au sens où ce mot est employé de nos jours. Dans la fournaise torride du discours politique, par exemple, on vous parle des valeurs de la gauche ou des valeurs de la droite ; pourquoi pas, tant qu’on y est, des valeurs d’en face ou de celles de derrière, ou même encore des valeurs du sol ou celles du plafond ? On érige en “Valeur” et avec le plus grand sérieux, de simples préférences personnelles et contingentes, alors que, évidemment, le mot “valeur” ne devrait être concerné que par une dimension universelle :
Les véritables Valeurs sont obligatoirement les mêmes
pour tout le monde, partout, et en tout temps.
La répartie souvent utilisée “nous n’avons pas les mêmes valeurs”, correspond simplement à l’indication que nos classements hiérarchiques concernant nos préférences individuelles, ne sont pas les mêmes. Oui, bien sûr, pourquoi pas ? Nous n’avons pas les mêmes vécus, les mêmes priorités ni le même tempérament. Il est bien normal que chacun voit les choses à sa façon. Mais, de grâce, qu’on ne parle pas de “Valeur” ! C’est un hold up !
Prendre ses désirs pour la réalité est une tare fondamentale !
Pour se fixer un peu les idées et avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais indiquer un certains nombre de ces tendances personnelles qui peuvent, bien sûr, refléter des qualités humaines ou au contraire des limitations, mais qui ne méritent pas d’être considérées comme de véritables Valeurs au sens où nous l’entendons ici. Elles ne concernent que le milieu restreint d’une individualité particulière.
On peut même les regrouper par styles ou penchants comportementaux, comme ça se fait couramment dans toutes sortes d’approches qui s’intéressent au décryptage des personnalités.
Commençons donc par énumérer un certain nombre de ces tendances qui expliquent bien des choses mais qui ne sont pas au niveau des vertus cardinales. Certaines d’entre elles sont (ou peuvent être) compatibles avec les dites vertus, d’autres ne le sont pas. Si on le sait, c’est mieux que si on ne le sait pas ; Le “Connais-toi toi-même” de Socrate est une position fondamentale.
Voici donc quelques-unes de ces tendances comportementales que je me suis contenté de récupérer dans l’étude des personnalités selon l’Ennéagramme.
La rigueur, l’honnêteté, la recherche de perfection, le travail, la dignité, l’affection, la chaleur humaine, la générosité, l’indulgence, la popularité, la distinction, l’ambition, l’image sociale, le triomphe, la séduction, la connaissance, le savoir, l’innovation, la curiosité, l’indépendance, la créativité, l’enthousiasme, la passion, le plaisir, la jovialité, l’action, le raffinement, l’optimisme, l’unité, la sérénité, la gentillesse, la sagesse, la sensibilité, l’imagination, l’esthétique, la beauté, la loyauté, la sécurité, la responsabilité, le courage, le dévouement, la liberté, la domination, la maîtrise, le triomphe, le courage, l’initiative, la combativité, l’héroïsme etc. etc. etc.
Tout cela en vrac et on pourrait continuer ainsi indéfiniment !
Voilà, maintenant qu’on a déblayé le terrain, il est temps de s’approcher du sanctuaire et de tenter de recueillir quelques effluves parfumées de ce précieux nectar qui apparaît au contact des Vertus Cardinales.
Ces vertus sont au nombre de 4, elles forment ensemble un carré parfait. Ce carré est la projection horizontale d’un cube qui représente un socle aussi solide que fondamental. Selon les sources, elles peuvent être nommées de diverses façons, mais ce ne sont que des nuances sans grande importance qui forcent un peu le trait sur certains aspects en fonction des époques, des sensibilités ou des cultures. Pour ma part, j’ai choisi de les nommer selon cette formulation :
La Prudence, La Fortitude, La Tempérance, La Justice.
La Prudence.
Avec la pleine puissance dont elle est porteuse, cette première vertu révèle un aspect fondamental de l’intelligence. C’est cette compréhension préalable qui doit présider en amont de toute pensée : Nous vivons essentiellement dans un monde d’illusions ; notre vision des choses à partir des conditions corporelles de l’existence terrestre sont forcément déformées et sujettes à caution. La Prudence est cette vertu qui freine les pulsions viscérales pour donner à la raison la place qui lui revient. Mais, cette vertu va aussi plus loin ; cette même Prudence sait que la Vérité est inaccessible depuis notre dimension, mais qu’on peut s’en approcher de façon supra-rationnelle ; elle laisse donc prudemment sa part à l’intuition.
La prudence est, en parallèle à ce qui précède, cette forme d’intelligence qui incite à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. En effet, cette façon de faire offre la possibilité de vivre conjointement avec l’invisible en prenant le temps d’attendre ses réponses et ses réactions à nos démarches.
Comme je le dis souvent, on ne peut avancer intelligemment dans l’existence que si on avance “à tâtons”. En patois toulousain on dit :” A palpos” (cette expression imagée s’accompagne souvent de gestes que certaines personnes réprouvent”. Tant pis ! “Honni soit qui mal y pense !”.
Que la Prudence nous accompagne partout !
La Fortitude
Je préfère cette formulation à d’autres expressions telles que le courage ou la force qui reflètent des actions ponctuelles et limitées. La fortitude est plutôt un état de grâce permanent qui entretient une atmosphère de sereine domination pour toutes les circonstances rencontrées et traversées. La fortitude est installée de façon stable et définitive sur son évidente capacité à dominer n’importe quoi. Cette force tranquille est d’autant plus puissante et d’autant plus tranquille qu’elle est maintenue en l’état par l’intime et profonde conviction de son absolue légitimité.
Que la Fortitude nous accompagne partout !
La Tempérance
La Tempérance est cette remarquable capacité d’adaptation et de maîtrise qui ne permet pas aux passions de l’emporter sur la raison. Elle assure la toute puissance de la volonté pour dominer et maîtriser les bas instincts. Socrate compare “L’âme déréglée à un tonneau percé à cause de sa nature insatiable.” La Tempérance, bien au contraire, privilégie la qualité sur la quantité. La modération et la sobriété, le contrôle et la retenue de soi-même augmentent, non seulement la jouissance des plaisirs terrestres, mais encore elle permet à chacun de faire triompher son « moi supérieur » sur son « moi inférieur »
Que la Tempérance nous accompagne partout !
La Justice
La Justice entendue ici en tant que vertu cardinale consiste à rencontrer cette droiture impartiale pour donner à chacun et sur tous les plans ce qui lui est dû. Cette Justice-là est perçue de façon spontanée, évidente et directe. Elle s’impose d’elle-même et mobilise avec intégrité. C’est une Justice par nature qui repousse sans le moindre remord ou regret toute faiblesse ou compromission dans l’injuste ou, plus largement, dans tout ce qui n’est pas droit. De plus, et on se souvenant de cette citation : « Donnez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”, cette Justice Cardinale ne perd pas de vue le monde de l’Ame et de l’Amour et elle équilibre le double aspect de notre existence en consentant à l’Esprit la large part d’attention et de reconnaissance qui lui revient.
Que la Justice nous accompagne partout !
ET MAINTENANT ???…
Et maintenant, c’est là que ça peut devenir intéressant ou rester lettre morte !
Il faut bien vivre avec son temps et prendre les choses comme elles sont. Le sujet que nous venons de traiter, on n’en parle nulle part, ou bien peut-être accidentellement dans de rares occasions. Les techniques modernes paraissent tellement évoluées que des considérations de ce genre semblent désuètes, complètement dépassées et bonnes à mettre au musée ou à jeter aux orties.
Ainsi soit-il ! Donc, de deux choses l’une, on prend ou on laisse.
Si on laisse…
Si on regarde ça en diagonale, et qu’on décide de passer à autre chose, pourquoi pas ? Tout a sa raison d’être et ce sera très bien ainsi…
Et si on prend …
Alors là, on risque de l’envisager avec les paramètres actuels et se figurer qu’il va falloir travailler psychologiquement en ce sens. Niet ! Fausse culture, fausse route !
Heureusement , il y a une autre façon de voir les choses. Il suffit de se convaincre d’une idée et d’une seule :
Les vertus cardinales sont l’expression terrestre
et par nature du Bien absolu qu’elles servent et reflètent.
Point Final !
De ce fait, elles sont naturellement présentes en chacun d’entre nous,
et elles ne demandent qu’à s’exprimer…
C’est peut-être plus facile à réaliser qu’on pourrait le penser à première vue…
Let’s go !