A propos de la grande loi de l’analogie universelle

…/… Cette loi contient sa logique en elle-même. Tout procède de causes, c’est évident. D’autre part, entre cause et effet il y a forcément une relation particulière. N’importe quelle cause ne produit pas n’importe quel effet. Il y a donc une relation privilégiée dans un événement cause/effet. Un effet comporte une ressemblance vis à vis de la cause dont il est issu. En outre, ce phénomène se reproduit à l’infini. L’effet d’une cause devient une cause à son tour ; celle-ci a donc un certain effet et ainsi de suite.

La loi de l’analogie universelle s’exprime ainsi verticalement, chaque effet étant à « l’image » de sa cause, tout s’emboîte sans fin par des analogies cause/effet, tel que l’exprime le symbole des poupées russes, par exemple ou cette phrase d’Hermès à la base de toute compréhension : « Tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas », ou encore ce verset des écritures : « Dieu construisit l’Homme à son image » etc.

Un autre aspect de cette loi, c’est qu’elle s’exprime également horizontalement. On la rencontre ainsi sous la forme de la grande loi de l’harmonie universelle. A un niveau donné de la verticalité, et parmi tout ce qui se situe sur ce plan particulier, « ce qui se ressemble, s’assemble ».

Pour l’exprimer d’une autre façon, on peut dire que n’importe quoi va trouver à entrer en synchronisation avec « quelque chose » qui lui ressemble. Pour utiliser le langage actuel, on peut ajouter métaphoriquement que ce qui vibre sur des fréquences identiques (consonances) ou complémentaires (harmoniques), entre en résonance. Les phénomènes d’écho, de réverbération, d’assonance, de concordance, de réflexion, de réfraction, de lien, d’attache, d’équilibre, de rayonnement, de diffusion, de propagation, d’influence etc. , répondent à la nature vibratoire ou ondulatoire de la réalité. Sans développer ce sujet plus avant et pour ne s’en tenir qu’à son principe, nous ferons observer que ce qu’on peut observer en radio, en musique ou en fréquentations humaines, par exemple, se retrouve de la même façon dans la psyché d’un individu…

 

…/…  Ces quelques réflexions sur la loi de l’analogie universelle, nous permettent d’envisager ici le « chemin de perfection ». En effet, cette loi nous permet de prendre acte que tout s’imbrique dans un ensemble juste et parfait. Ceci selon un ordre naturel logique et neutre par lui-même, qui s’applique systématiquement, et indépendamment de tout sentimentalisme humain fondé essentiellement sur une confusion entre affect et Amour. La Perfection est par nature. Par contre, s’il est une chose « imparfaite », c’est le décalage entre la réalité parfaite et la perception sommaire et tronquée de la conscience. Ce qui n’est pas parfait, en fait, n’est en somme qu’une illusion, autant dire strictement rien du tout au regard de l’univers.

 

…/… Si tout est parfait, il est une voie tracée qui permet d’éveiller la conscience à cette perfection. Pour être plus précis, il vaudrait mieux dire que le chemin de perfection est tout ce qui peut concourir à laisser la conscience accomplir sa fonction naturelle. Toute évolution, si petite soit-elle, est intrinsèquement une perfection. Quand on parle de perfectionnement on se situe dans le temps et on voit un état final aussi illusoire que décourageant. Or la perfection est actualisée dans le moindre sursaut de conscience. L’ineffable présence n’a pas d’autre façon de se manifester au plan de la conscience.

L’éveil de la conscience est une fonction qui évolue d’état en état. Chaque sursaut est une perfection qui porte la signature de l’ultime Perfection. Ce n’est pas une perfection relative, c’est notre perception qui est relative, et il ne saurait en être différemment. La perfection est absolue quelle que soit la façon dont on la perçoit. C’est d’ailleurs ce qu’exprime le symbolisme de l’échelle de Jacob. Les barreaux sont les plans de conscience (c’est à dire des sous modalités de l’état humain), quant aux anges qui montent et qui descendent, ils représentent, en leur qualité d’attributs divins, la perfection circulante dans les deux sens. Plus on monte, plus la conscience s’ouvre, mais chaque passage d’un barreau au suivant est une perfection en soi.

« Si le monde est beau, c’est qu’il est imité d’un modèle éternel«  Platon (Le Timée).