Boucs émissaires

Tout au long de mon parcours, j’ai observé qu’on a tous tendance à projeter souvent sur quelqu’un d’autre la cause de nos malheurs. C’est tellement répandu qu’on n’y fait plus attention et avec une totale bonne foi on désigne ici ou là des coupables.

 

Ce désinvestissement de sa propre responsabilité dans sa propre vie est précisément aux antipodes de ce qui pourrait en faire une construction harmonieuse. Dans ces conditions, on est secoué comme un fétu de paille irresponsable au gré du vent, dans un positionnement de victime. On ne dispose alors que du panel de ces sentiments habituels tels que, par exemple, ceux de l’injustice, de la rancœur ou du désir de vengeance.

 

Il est clair que cette politique du « bouc émissaire » a des conséquences dévastatrices. Etant donné qu’elle en contradiction avec l’ordre naturel, ce dernier ne peut que réagir. C’est ainsi qu’on s’auto- sabote en alimentant toutes sortes de maux contre soi-même. C’est comme si on casse ou un jette un ordinateur parce qu’il ne « veut » pas faire ce qu’on attend à l’écran ; évidemment ce type de comportement puéril se retourne contre son auteur qui doit alors en subir les conséquences.

 

En se croyant victime, on devient victime. En se croyant victime des autres on devient victime de soi-même. On se met un ennemi dans la maison ; bon nombre de maladies physiques, pécuniaires, sociales ou autres ne sont que contreparties logiques de cette simple croyance lâche et contre nature.

 

Certes, il est souvent difficile d’admettre qu’on est directement responsable de la vie que nous menons. Cependant, mis à part quelques détails qui s’imposent d’eux-mêmes, on peut quand même considérer que nous sommes responsables de son orientation générale. Comme tout fonctionne dans une société par action/réaction, mieux vaut s’interroger sur la qualité de nos actions si on trouve que par réaction ce qui nous arrive ne nous plaît pas. Comme on est très laxiste et permissif pour soi-même, on a du mal à rectifier ; nos souffrances préfèrent se trouver des causes extérieures. Qui plus est, on trouvera toujours autour de soi des « alliés » complices pour confirmer ces projections contraires à ce qui nous aiderait.

 

Quand on pense à ce qu’il en serait si nous étions pénétré de ces évidences. Nous serions simplement au volant de notre propre véhicule pour traverser la vie. Nous saurions facilement contourner les difficultés, nous saurions nous arrêter à notre guise pour profiter au passage des belles choses ; tantôt le soleil, tantôt la neige, tantôt le printemps, parfois la nuit ou autre chose encore.

 

Quand on a la maîtrise de son véhicule dans les différents aspects du voyage, on peut mener une vie paisible, heureuse et équilibrée. C’est impossible dans le cas contraire. Si nous rendons responsables les autres, ce sont nos projections qui conduisent la voiture à notre insu : nos « démons » intérieurs. Pendant ce temps là, on se lamente en victime dans la malle arrière, blessé et ballotté.

 

Heureusement, ce n’est pas irrémédiable, tous les sages de toutes les époques et de toutes les cultures ont exprimé les mêmes choses en d’autres termes. Il est toujours temps de remettre, avec courage, son propre conditionnement à l’endroit pour ne plus se tromper d’ennemi.